Simplement debout !

 


Extrait du livre de Romain Graziani  (page 143)
L'Usage du vide

l'apprentissage personnel de la bonne posture éclaire les chemins qu'il convient d'emprunter afin de résorber le hiatus entre la conscience volontaire et l'état désiré, et résoudre peu à peu les blocages mis en exergue dans les fables parodiques du Tchouang-tseu.
Dans les situations problématiques passées en revue, l'enfant qui se tient mal, l'homme pressé qui veut dormir au plus vite, le jeune dandy qui s'efforce à un air indifférent et dégagé, l'état convoité et imaginé par le sujet agissant, mais au moyen de représentations qui restent très pauvres pour le corps, lequel ne voit pas comment se couler dans la posture ou la disposition recherchée.
Le conflit entre la conscience et le corps sous-tend les paradoxes de l'action qui provoque l'inverse de ce qu'elle vise (quoiqu'il vaudrait mieux parler de conflit entre les circuits neuronaux et nerveux, qui suivent des trajets indépendants). 
La difficulté réside dans le bon réglage entre nos force et nos capacités, sachant que dans ce jeu de réglages la conscience volontaire a plus ou moins d'emprise, plus ou moins d'initiative; elle suit une ligne d'intensité variable, qui a chaque instant peut se résorber ou s'accroître.
L'essentiel, comme le dit le Tchouang-tseu à sa façon, est de ne pas entraver l'action du ciel par l'action de l'homme, autrement dit de ne pas parasiter les processus naturels qui constituent les intentions motrices et qui échappent en grande parie à l'observation consciente.






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